En effet, l’endométriose se caractérise par la prolifération de cellules endométriales hors de la cavité utérine, pour que celles ci se fixent et puissent proliférer dans la cavité péritonéale. Pour cela, il faut que les cellules présentent certaines propriétés et que la cavité péritonéale favorise le développement des lésions. Pour cela, divers mécanismes entrent en jeux.
L'endométriose : Comment les cellules epithéliales ectopiques survivent et polifèrent dans d'autres tissus ?
A- L'adhésion
Des surexpressions de facteurs d’adhésion et d’enzymes protéolytiques favorisent l’adhésion des cellules endométriosiques dans le péritoine. De plus, quand le pH est neutre, deux métalloprotéases matricielles qui sont MMP-7 et MMP-11, sont exprimées dans l’endomètre au cours des menstruations. Celles-ci entrent en jeu lors de la destruction de la matrice extracellulaire quand la desquamation de l'épithélium glandulaire a lieu. En cas normaux, l’expression de ces métalloprotéases est réprimée. Cependant, pour les femmes atteintes d’endométriose, elles sont exprimées même lors de la phase lutéale que ce soit dans l’endomètre eutopique ou ectopique. Lors de la destruction de la matrice extracellulaire du mésothélium péritonéal, des zones d’adhérence favorables à l’implantation des cellules endométriales sont alors créées. De plus, ces zones d’adhérence expriment des protéines d’adhésion comme l’intégrine ou la fibronectine.
En parallèle, l’endomètre ectopique secrète beaucoup de facteurs de croissance dans des quantités anormalement élevées, ainsi que des cytokines qui permettent la survie des implants et une certaine vascularisation.
Les différentes protéines d'adhésion
B- La prolifération
La prolifération des cellules endométriosiques est rendue possible grâce à l’activation de certaines voies de signalisation (Wnt et Ras), de gènes pro-apoptiques qui sont sur-exprimés et au contraire d’une surexpression de gènes anti-apoptioques.
C- L'inflammation
En effet, l’inflammation chronique est un des principaux symptômes de l’endométriose. L’inflammation est combinée à une surproduction de prostaglandine, de métalloprotéase matricielles et de cytokines. Cette production de cytokines pro-inflammatoire permet aux fragments d’endomètre d’adhérer au péritoine et la libération d’enzymes protéolyques permettent à ceux-ci de s’y implanter.
De plus, l’inflammation est également combinée à une surproduction de prostaglandine mais cette fois au niveau de l’endomètre eutopique et ectopique. Cette surproduction engendrerait des menstruations douloureuses et difficiles ainsi que des douleurs au niveau du pelvis par l’entretien de la réaction inflammatoire et par le déclenchement de contraction utérine.
Toutes ces anomalies viennent en partie du fait que des dérégulations hormonales au sein des lésions endométriosiques ont eu lieu.
Enfin, il a été remarqué que des cellules et des molécules qui jouent un rôle dans la réaction inflammatoire sont présentes en concentration élevée dans le liquide péritonéal des femmes touchées par l’endométriose. Plus la patiente souffre d’une endométriose sévère, plus la concentration sera élevée.
D- L'hyperoestrogénie
Il a été remarqué que les patientes souffrant d’endométriose produisent plus d’oestrogènes que les femmes non malades. Cette surproduction d’oestrogènes permet alors la croissance, le développement et la survie des implants endométriosques. Chez les femmes malades comme chez les femmes non malades, l’oestradiol est produit dans les ovaires, la peau et le tissu adipeux. Cependant, les femmes souffrant de la maladie vont en plus produire de l’oestradiol dans l’endomètre ectopique.
Dans les ovaires, la peau, les tissus adipeux, et l’endomètre ectopique, l’aromatase, qui est un
complexe enzymatique servant à synthétiser les oestrogènes, joue un rôle important. On peut de
plus souligner le fait qu’on ne trouve pas d’aromatase dans les endomètres des femmes non
atteintes d’endométriose.
Dans les ovaires, celle-ci permet de transformer l'androsténédione en oestrone qui lui vient de la
conversion du cholestérol dû à l'influence des hormones FSH et LH.
Dans la peau et les tissus adipeux, l’aromatase permet également de transformer
l'androsténédione en oestradiol.
Enfin, dans l’endomètre ectopique, elle permet de stimuler la synthèse de prostaglandines qui
elles, stimulent la production d’aromatase. On peut donc remarquer qu’il existe une boucle
d’auto-activation
qui stimule la prolifération des implants.
Cette hyperoestrogénie explique également pourquoi les traitements hormonaux qui ont pour but d’inhiber la synthèse d’oestrogènes ont peu d’efficacité.
E- Résistance à la progestérone
La résistance à la progestérone chez les femmes atteintes d’endométriose est la conséquence de deux causes. Tout d’abord, dans l’endomètre normal la progestérone entraîne l’expression d’une stéroïde, la 17 béta2 hydroxy-deshydrogénase, qui métabolise l’oestradiol en oestrone. Dans l’endomètre eutopique des femme souffrantes mais aussi de façon plus prononcée dans l’endomètre ectopique, les cellules endométriosiques résistent à la progestérone. La stéroïde qui permet de métaboliser l’oestradiol en oestrone n’est alors pas exprimée et ainsi, l’oestradiol reste tel quel. Il y a accumulation d’oestrogènes qui entraîne la croissance, la persistance et la prolifération des cellules.
De plus, dans les cellules stromales du tissu endométriosique, il y a une sous expression du récepteur à la progestérone entraînant ainsi une résistance à celle-ci.
Cas où la femme n'est pas atteinte d'endométriose
F- Altération de la réponse immunitaire
Enfin, nous allons voir maintenant que la modification du système immunitaire favorise la survie des cellules endométriosiques dans la cavité péritonéale. Ceci est en fait dû à une incapacité du système immunitaire à éliminer les implants au sein du péritoine. L’inflammation chronique locale est alors enclenchée et provoque une production de cytokines, de facteurs de croissance et pro-angiogéniques qui permettent le développement de l’endométriose. Dans le liquide péritonéal des femmes malades, on a remarqué un nombre de macrophages activés, de lymphocytes T et de cellules NK supérieur à la normale. Cela est dû à la diminution de l’activité des cellules NK et de la phagocytose faite par les macrophages.
La diminution de la phagocytose est dû à la présence d’une protéine dans l’épithélium des cellules endométriosiques qui peut se lier aux macrophages et ainsi inhiber la phagocytose.
Les macrophages en produisant des facteurs pro-angiogéniques et différentes cytokines permet le développement des liaisons. Par exemple, les interleukines 10 et 6 vont agir sur les lymphocytes T CD4 en diminuant leur nombre dans le péritoine. Une autre (TGF béta) inhibe les cellules NK mais stimule également la croissance du tissu endométriosique tout comme l’interleukine 8. Enfin, l’interleukine 6 et le TNF alpha, qui provoquent inflammation, augmentent quant à eux l’hyperoestrogénie.